HOMÉLIE 3ème Dimanche de Pâques – NDV

HOMÉLIE POUR LE TROISIÈME DIMANCHE DE PÂQUES (10 avril 2016)

 

« Aucun des disciples n’osait lui demander : ‘Qui es-tu’ ? Ils savaient que c’était le Seigneur. »

(Jn 21,12)

1-Quel magnifique verset de l’Evangile selon Saint Jean ! Dernière page de cet évangile qui se conclut par une pêche plus que miraculeuse.

Un énième signe de cet évangile. Mais ce huitième signe prend place après la résurrection du Seigneur.

L’ensemble de l’Evangile est écrit à l’encre de la résurrection évidemment, mais ce signe de la pêche miraculeuse dans la chronologie évangélique est l’ultime parmi ce qu’il est convenu d’appeler les « apparitions » du Christ ressuscité : il y a eu l’apparition à Marie-Madeleine, puis aux apôtres sans puis avec Saint Thomas et enfin cette pêche qui en soi n’a rien d’étonnant puisque les apôtres avec Saint Pierre en tête sont repartis à leur activité professionnelle –« Je m’en vais à la pêche . »

La résurrection du Seigneur n’a donc pas encore bouleversé considérablement les apôtres dans ces jours qui suivent l’horreur de la passion, de la mort et de la résurrection dans la discrétion du petit matin de Pâques.

L’enthousiasme et la prédication des apôtres rapportés dans la première lecture (Actes 5,27-41) suit la Pentecôte véritable acte de naissance de l’Église en mission. Nous n’en sommes pas encore là !

2-Cette pêche miraculeuse après une nuit bredouille est donc inattendue. Le Ressuscité vient rejoindre ceux qu’il appelle ses « enfants » comme Jean un peu plus tard lorsqu’il écrira sa superbe première lettre et qu’il s’adressera aux jeunes chrétiens de sa communauté en leur disant : « Mes petits enfants… ». Or, Jean faisait partie du groupe des pêcheurs ayant ramé en vain toute la nuit sans rien prendre et qui a entendu le son de la voix si familière de Jésus debout sur le rivage.

Nous connaissons la suite du texte : un véritable tableau que nous ne risquons pas d’oublier parce que la joie des disciples se conjugue avec l’attention du Seigneur qui a tout préparé. Le filet de gros poissons qui ne se déchire pas comme une image de l’Église en mission qui tient ensemble ceux qu’elle conduit au Seigneur…

En ce temps de Pâques, comment ne pas penser à ces quelque 5000 adultes et jeunes baptisés dans nos églises de France durant la vigile pascale ? Nous avons vécu cela à Vincennes et il n’y a rien de plus enthousiasmant (pas seulement d’émouvant) qu’une telle célébration comme aboutissement d’un parcours souvent sinueux où la patience a été de mise pour les catéchumènes et leurs accompagnateurs.

N’en va-t-il pas de même dans nos vies ? Je pense ici évidemment à l’éducation des enfants dont le pape François parle abondamment dans son exhortation Amoris laetitia (La joie de l’amour) notamment au chapitre 7. Cette exhortation du Souverain Pontife dans son ensemble nous invite à nous rendre comme éducateurs attentifs aux petits pas « qui peuvent être compris, acceptés et valorisés. » (AL N° 271)

Cette pédagogie n’est-elle pas une résultante de la pédagogie divine que l’on appelle souvent la gradualité ? Ne nous fait-elle pas penser là encore à notre passage d’Évangile de ce jour dans lequel le Seigneur se donne à reconnaître par ses apôtres, par sa voix, par ses gestes, pas ses paroles pleines d’encouragement puisque dans la deuxième partie Le Seigneur demande simplement avec délicatesse à Saint Pierre, le renégat : « M’aimes-tu ? » (Versets 15, 16 et 17)

Quelle leçon pour nous évidemment ; quelle invitation dans notre œuvre d’accompagnement et d’éducation comme dans notre lien au Seigneur pour chacun quel que soit notre âge : « M’aimes-tu ? » Le Seigneur, au long des âges, ce soir dans cette liturgie, dans toute son Église nous appelle à l’amour patient, donné.

Dès lors en gardant en mémoire cette page évangélique sublime, entendons la voix du Seigneur qui depuis le fond des âges et jusqu’à la fin du monde s’adresse à chacun et à  nous tous :

Ø      « Les enfants, voulez-vous m’accueillir à votre table, dans vos maisons, vos familles… ? »

Ø      «  Jetez le filet, reprenez courage, poursuivez ce que vous avez entrepris car ce n’est pas vain… »

Ø      « Apportez ce qui fait votre vie : contemplez votre œuvre car elle poursuit mon œuvre de création. Mêlez-la à mon offrande et communions ensemble… »

Ø      « Voulez-vous de mon amour, petits et grands enfants : en retour puis-je compter sur votre amour ? Alors, vous pourrez aller à la rencontre des miens qui ne connaissent pas cet amour et partout où vous irez vous ferez de la croix le signe du grand amour qui vient de Dieu et se diffuse aux confins de la terre. »

Amen.

 

Père Stéphane AULARD