Homélie pour la Fête de l’Assomption de la Vierge Marie

Saint Bernard (1090-1153) a eu au Moyen Age cette expression à propos de la Vierge Marie : « De Maria numquam satis. » Au sujet de Marie, on n’en dira jamais assez…

1-Nous fêtons aujourd’hui l’Assomption de la Vierge Marie qui fit l’objet de la proclamation d’un dogme (c’est-à-dire une vérité essentielle de la foi catholique) par le pape Pie XII en 1950. Mais il y avait bien longtemps que l’on célébrait déjà en France et ailleurs le 15 août cette fête dans notre Eglise : alors oui, « De Maria numquam satis… »

La fête de l’Assomption célèbre la mort, la résurrection, l’entrée au ciel et le couronnement de la bienheureuse Vierge Marie tout à la fois. La méditation des mystères du Rosaire (le chapelet) nous invite à nous souvenir des deux derniers mystères glorieux concernant la  Mère de Dieu : son Assomption et son couronnement dans la gloire du Christ. Le regard porté sur la Vierge Marie, sa proximité étroite avec Jésus son fils, le Fils de Dieu,  nous amène à ne jamais la perdre de vue elle qui participe « en second » au parcours du Christ dans sa mort, sa résurrection et son élévation « en son corps  et en son âme à la gloire du ciel. »(Dogme de l’Assomption) Oui, décidément, la personne de la Vierge Marie est bien unique et l’on peut dire qu’après le Christ elle bénéficie déjà – parce qu’elle est la Théotokos (comme disent nos frères orientaux : « celle qui enfante Dieu »), la Mère de Dieu, celle qui nous a donné le Fils de Dieu – à la gloire sans fin du Christ ressuscité. C’est cela qu’expriment les mots d’Assomption et de couronnement de la Vierge.

Oui, Marie est l’honneur de l’Eglise, la joie de l’humanité accomplie, transformée. Son Immaculée Conception qui la préserve des séquelles du péché originel comme son Assomption qui la préserve de la dégradation du tombeau constituent deux  privilèges accordés par Dieu à la Vierge de Nazareth. A dire vrai en Marie, Dieu s’est préparé une demeure pour son Fils et elle est la première sur notre chemin d’humanité parfois si lourd, si triste, si sombre et pour certains insensé à  briller comme un « grand signe » –celui dont il est question dans l’Apocalypse (Ap 12,1) – : la nouvelle Eve, l’humanité enfin resplendissante parce qu’enfin donnée à Dieu, c’est la Vierge Marie, fille de Dieu parce qu’elle est une créature de Dieu, mais aussi Mère de Dieu et encore sœur aînée et bien-aimée de l’humanité dont nous sommes. De Marie, on ne dira jamais assez !

2-Mais, frères et sœurs, en ce beau jour de fête qui doit mettre en nous la joie de Dieu, la joie de la réussite de Dieu, nous voyons aussi en Marie l’humble servante (cf. Luc 1,48) à l’écoute de l’ange Gabriel à l’Annonciation, à la rencontre de sa vieille cousine Élisabeth à la Visitation, la priante dans la grande tradition des femmes de foi d’Israël dont nous parle toute la Bible (cf. 1 Samuel 2,1-10). C’est ce que nous rapporte le récit de la Visitation (un mystère joyeux du Rosaire) et le chant du Magnificat (Luc 1,46-55) qui est la réponse de Marie à sa cousine Élisabeth. Le Magnificat est devenu la prière par excellence de l’Église tant il est vrai que ce cantique s’il fut déclamé par la Vierge Marie est devenu l’emblème de l’Église en prière humble,  décidée à servir Dieu sans chercher la gloriole, reconnaissante de l’œuvre de Dieu dans la vie quotidienne des cœurs simples, dépouillés, droits, ajustés à la volonté de Dieu.

Oui, de Marie, notre sœur aînée dans la foi et l’espérance on ne dira jamais assez, mais avec Marie l’humble servante l’Église sans cesse voit ce à quoi elle est appelée :

Servir Dieu humblement dans notre quotidien qui est toujours une page que Dieu veut écrire avec nous de son histoire sainte qui se poursuit d’âge en âge.

Chanter Dieu qui est notre joie et qui nous invite à contempler les merveilles quotidiennes qui s’accomplissent par des cœurs se donnant à Lui et aux autres.

3-En préparant cette homélie, m’est revenu à l’esprit la figure du père Jacques HAMEL assassiné l’an passé le 26 juillet dans l’église Saint Étienne du Rouvray proche de Rouen alors qu’il terminait la célébration de la messe. Des hommages lui ont été rendus récemment fort justement. Il n’en demandait certainement pas tant !  Ce qui me frappe, c’est le contraste entre ce qui peut être dit à son sujet et qui est fort beau et la simplicité de ce prêtre accomplissant discrètement son ministère de prêtre. C’est un peu comme Marie la sublime qui se présente comme l’humble servante.

Et si Dieu se plaisait à couronner l’humilité, c’est-à-dire cette qualité d’adhésion à notre condition humaine appelée à donner le meilleur d’elle-même en adhérant de cœur et d’âme au Seigneur.

Oui, la Vierge Marie nous parle sur la terre et au ciel car la terre est ensemencée par la Parole de Dieu et le ciel est promis à l’humanité à la suite du Christ et de tous ceux et celles comme Marie qui veulent bien l’embrasser !

Amen.

 

                                                                                                              Père Stéphane AULARD