Homélie pour le Mercredi des Cendres

  • 1- Avec ce Mercredi des Cendres commence le temps du carême et notre marche vers Pâques. 

Le mot Carême, faut-il le rappeler, signifie « quarante »

(cf. en latin Quadragesima) et indique la longueur de cette marche : quarante jours en référence au jeûne de Jésus au désert avant d’entamer sa prédication publique et son ministère de guérison. Ce chiffre n’est pas non plus sans nous faire penser à la marche des hébreux au désert tandis qu’ils venaient d’être libérés de leur esclavage en Egypte et se dirigeaient vers la Terre promise –Israël- conduits par Moïse.

Depuis que l’Eglise a mis en place cette période liturgique au IV ème siècle comme un temps de préparation intense à la fête de Pâques,

le carême a toujours été relié à l’ultime préparation des catéchumènes

à la célébration de leur baptême dans la nuit de Pâques au cours de la grande veillée pascale. C’est ce que nous vivrons une fois encore avec grande joie ici à Notre-Dame de Vincennes le 31 mars dans la nuit avec de nombreux catéchumènes.

Vivons donc ensemble et en grande proximité spirituelle avec nos frères et sœurs catéchumènes ce temps du carême comme une marche balisée par les dimanches et un certain nombre de pratiques :

l’aumône (ou partage),

la prière

et le jeûne

que l’Eglise nous recommande depuis des siècles comme autant de moyens spirituels concrets pour grandir en Dieu. Oui,  il n’y a pas de doute comme le dit Saint Paul dans la 2ème lecture de ce jour : « C’est le moment favorable ! » (2 Corinthiens 6,2)

  • 2- J’aimerais dire un mot à propos du passage de l’Evangile que nous venons d’entendre et qui est l’Evangile du Mercredi des cendres (Matthieu 6,1-8.16-18). Comme indiqué à l’instant, les trois moyens que nous propose l’Eglise au cours de ce temps du carême sont décrits avec précision dans cet extrait du Sermon sur la montagne.

Vous avez certainement remarqué que le mot clef pourtant de ce magnifique passage du grand discours inaugural de Jésus en Matthieu n’est ni l’aumône, ni la prière, ni le jeûne, mais le mot : « Père ».

A travers le refrain : « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra.» Mt 6,4.6.18),

à trois reprises Jésus nous indique l’objectif qui est le nôtre : non pas devenir un champion de l’humanitaire en créant une association nouvelle d’aide à des personnes démunies, en inventant une nouvelle manière de prier qui serait le « secret de la réussite » en ce domaine ou un jeûne parfait à l’image de ceux qui nous vendent des méthodes imparables pour faire régime !

L’objectif, frères et sœurs c’est le cœur de Dieu Notre Père.

Tellement bien que nous pourrions nous précipiter sur notre Bible en rentrant chez nous pour y découvrir qu’un extrait du discours a disparu de ce passage évangélique lu au cours de notre liturgie : c’est précisément l’enseignement de la prière du « Notre Père » (Mt 6,7-15) par Jésus à ses disciples ! Voilà le cœur de cet évangile ! Un enfant se préparant au baptême nous disait à côté de ses cinq autres camarades ce matin : « Je veux être baptisé pour connaitre Dieu et aimer Jésus ! » Comme il a raison. Eh bien, ce carême est là pour nous permettre de mieux connaître Dieu comme on connaît une personne et non une série de savoirs en passant par Jésus qui est le chemin vers le Père tant il est vrai comme Il nous l’a dit : « Qui m’a vu a vu le Père ! » (cf. Jean 14,9)

  • 3-Cette année nous allons vivre en secteur pastoral avec nos deux autres paroisses sœurs Saint Louis et Notre-Dame de Saint-Mandé le dimanche 8 avril –deuxième dimanche de Pâques-
  • une marche de Vincennes à Saint-Maur en passant par le Bois et les bords de Marne.

Nous avons intitulé cette démarche :

« Baptisés, marchons avec le Christ ! ».

  • Nous espérons, grands et petits prendre un temps fraternel qui nous permettra huit jours après Pâques de célébrer la grandeur de notre baptême qui nous plonge dans le  chemin pascal du Christ. Une équipe s’est déjà attelée à préparer un double itinéraire qui permettra aux plus sportifs et aux moins sportifs de vivre cette expérience.

Mais, en attendant, préparons-nous dans la prière tant personnelle que communautaire à vivre Pâques : je vous recommande

la messe télévisée du dimanche 4 mars à 10 h 45

qui permettra à notre communauté paroissiale de manière certes originale d’offrir sa prière à travers la retransmission de la messe. Je vous recommande toujours comme les autres années les laudes du jeudi matin à 7 h 30, le chemin de croix du vendredi à 15 h dans nos différentes églises et le soir l’heure d’adoration eucharistique qui suit la messe de 19 h. Tout cela nous sollicite personnellement et en communauté.

Vous avez sans doute entendu l’appel du Saint-Père à vivre une journée de jeûne tout à fait particulière le vendredi 23 février. Je le cite :

«Devant la poursuite tragique de situations de conflit dans différentes parties du monde, j’invite tous les fidèles à une journée spéciale de prière et de jeûne pour la paix le 23 février prochain, vendredi de la Première semaine du Carême.»

Le pape a précisé que cette journée serait offerte «en particulier pour les populations de la République démocratique du Congo et du Soudan du Sud», deux nations africaines marquées par des situations de conflit dans lesquelles l’Église catholique est particulièrement exposée. Je ne peux que vous inviter – là où vous serez – à vivre cette démarche qui relie d’ailleurs jeûne substantiel et prière.

Je signale aussi notre journée du pardon

au cours de laquelle vos prêtres sont tous présents pour vivre avec vous ce temps de réconciliation dans la célébration sacramentelle du pardon le samedi 10 mars qui correspondra aussi –au moins partiellement- aux 24 heures du pardon que le pape recommande de vivre autour du 4ème dimanche de carême. Comme chaque année dès le vendredi soir 9 mars avec les jeunes et tout le samedi 10 mars pour tous l’église Saint Louis sera le lieu de ce grand temps fort.

Je recommande enfin en m’inspirant encore du message du pape pour le carême (consultable sur le site Internet www.vatican.va ) que nous participions à

la collecte du Comité catholique contre la faim et pour le développement

qui aura lieu comme chaque année le 5ème dimanche de carême : nous ne renonçons pas à lier aide d’urgence et développement des peuples à travers cet organisme dont notre Eglise s’est dotée il y a déjà bien longtemps !

Entrons dans ce temps fort et béni du carême pour notre rénovation intérieure personnelle et communautaire : soutenons-nous les uns les autres joyeusement. Comme l’indique le bracelet de carême que vous pourrez conserver jusqu’à Pâques et même un peu au-delà jusqu’au 8 avril : « Baptisés, marchons avec le Christ ! ».

Père Stéphane AULARD