Homélie de Noël 2019

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DE NOËL

(Notre- Dame de Vincennes – 24 et 25 décembre 2019)

 

1-Frères et sœurs, c’est Noël : au milieu de la période des « fêtes », comme on l’entend souvent aujourd’hui, il y a NOËL qui explique, au moins historiquement, ces « fêtes » que l’on espère joyeuses, lumineuses, fraternelles pour tous !

Depuis quelques années, il y a fréquemment en France des batailles peu glorieuses autour de la présentation de la crèche dans l’espace public : certains disant que c’est un « phénomène culturel » pour lui permettre d’exister tandis que d’autres lui reconnaissant apparemment une signification religieuse estiment qu’elle n’a vraiment pas sa place dans la rue…

Le pape François est allé il y a quelque temps à Greccio (en Italie) là où Saint François d’Assise au 13ème siècle fit installer une crèche vivante le soir de Noël pour rendre vivante la scène de la crèche rapportée par Saint Luc dans son évangile et commentée théologiquement et spirituellement par l’évangéliste Saint Jean dans son fameux prologue.

Le pape s’exprime ainsi dans le texte qui décrit si bien l’atmosphère de la crèche et les différents personnages qui s’y trouvent :

« Le merveilleux signe de la crèche, si chère au peuple chrétien, suscite toujours stupeur et émerveillement. Représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui. » (Lettre apostolique Admirabile signum du 1er décembre 2019, N°1)

2-La crèche qui se trouve dans notre église entièrement rénovée se veut joyeuse et les parents comme les enfants du catéchisme qui l’ont réalisée sont, à mes yeux, de ceux et celles qui ont bien compris le sens profond de cette grande scène évangélique : Dieu vient à notre rencontre en toute humilité pour que nous nous sentions attirés par Lui comme nous le sommes lorsqu’un enfant naît dans nos familles et que tous viennent le visiter et le complimenter à l’image des bergers puis des mages.

Tout cela est désarmant de simplicité et nous entraîne à cette même simplicité. Si Noël reste une fête joyeuse qui veut réunir les générations et leur permettre de se rencontrer, de dialoguer, de s’aimer c’est parce qu’un jour dans la grande histoire humaine Dieu est venu jusqu’à nous désarmé comme tout enfant qui vient au monde en nous demandant de l’accueillir. C’est parce qu’un jour des bergers dans une nuit profonde ont compris qu’il fallait se rendre auprès de cet Enfant et l’admirer. C’est parce que Marie et Joseph, tout comme n’importe quels parents mais aussi conscients d’être porteurs d’une mission essentielle, ont entouré l’Enfant Jésus qui est Dieu Sauveur en personne.

Le pape François dans sa méditation sur la crèche de Greccio évoque la nuit obscure qui régnait le soir de Noël dans ce pacage où les bergers gardaient leurs troupeaux de moutons puis il s’intéresse aux bergers qui avaient mauvaise réputation au 1er  siècle mais qui étaient souvent de pauvres gens. Il insiste sur tout cela pour nous faire remarquer que Dieu vient dans la nuit obscure du monde sans doute à toutes les époques : au milieu des soucis de tous ordres, des précarités qui assaillent tant de personnes, des duretés de l’âme comme des problèmes de santé. Certes, la troupe céleste des anges fend cette obscurité, mais ils ne la nient pas. Je vous annonce frères et sœurs que l’Évangile qui retenti aujourd’hui partout dans le monde dans les églises et les célébrations de Noël ne va pas nier toutes ces difficultés, mais il va les illuminer car Dieu n’est pas un magicien faisant disparaître les problèmes d’un coup de baguette magique, mais Il vient nous dire :

« Prenez soin les uns des autres… et pas seulement de vous-mêmes égoïstement puisque vous savez déjà bien le faire pour vos bébés : prenez soin des plus démunis, prenez soin des jeunes et des anciens. Ne vous considérez pas comme des gens qui n’ont besoin de personne comme s’il s’agissait de « sauver sa peau » en dehors de tout lien mutuel ». Les bergers n’étaient pas prétentieux. Ils avaient simplement un cœur ouvert à l’inattendu. Ils se sont mis en route en étant attentifs à l’étoile. Mettons-nous donc en « mode bergers », si je puis dire et aujourd’hui accueillons la grâce de Noël : Dieu vous attend chacune et chacun. Vous êtes venus en famille ou seuls le visiter dans cette belle église. Faisons chacun de notre intérieur une belle église pour accueillir l’Enfant Dieu qui n’est pas une projection de nous-même, un phantasme de l’enfance ou un produit illicite pour nous faire planer !

3-Je vous propose donc ceci : ouvrez votre cœur comme on ouvre les mains et accueillez Dieu, l’Autre, le Tout-Autre qui n’est jamais loin et qui susurre à votre oreille intérieure :

« Veux-tu de Moi car Je suis la vie, son principe et son sommet. Je veux renouveler ta vie et en faire une pépite. Tu as du prix à mes yeux et Je t’aime ! »

C’est cela Noël : l’intériorité renouvelée, la rencontre personnelle et nous sommes en train, dans cette eucharistie, de vivre cela ensemble. Voilà ce qui est admirable !

Beaucoup vont venir communier au Pain du Ciel, à Jésus Christ qui de la crèche à la Croix est le même « pain vivant descendu du Ciel » (cf. Jean 6,51) un jour du temps pour nous nourrir intérieurement et renouveler notre désir de poursuivre la grande aventure humaine dans laquelle nous sommes embarqués tous ensemble. Cela prend –selon notre foi- tout son sens en Celui qui nous invite année après année à compter nos jours à partir de Lui.

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux homme qu’Il aime ! »(Luc 2,14)

« Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1,11-12.14)

Joyeux Noël à tous !

                                                                                                                      Père Stéphane AULARD