JOUR DE PRIERE POUR LES DEFUNTS

ND de Vincennes – 2 novembre 2017

 

Lectures :  Sagesse 3,1-9  &  Luc 12,35-40.

Frères et sœurs, nous venons d’entendre deux passages bibliques que vous avez peut-être déjà entendus lors de funérailles soit parce que vous les aviez choisis soit parce qu’ils sont restés gravés dans vos mémoires.

Le passage du livre de la Sagesse a de quoi nous toucher car ce livre de l’Ancien Testament -comme toute réflexion sur le thème de la sagesse dans toutes les cultures et philosophies- se pose la question humaine ultime :

qui sommes-nous ? A quoi cela sert-il de vivre ?

Que restera-t-il de nous par-delà cette vie et dans l’au-delà ? La personne humaine est-elle vouée à disparaître dans son originalité et jusque dans ses traits uniques que nous avons chéris ?

L’auteur du livre de la Sagesse veut nous éclairer et nous rassurer en nous disant

que les « âmes des justes » (Sagesse 3,1) sont « dans la main de Dieu ».

Or, les âmes disent précisément l’originalité de chaque personne à la fois dans sa personnalité d’être unique irremplaçable et aussi dans son lien avec le Créateur de l’homme qui a gravé en nous son Nom, son alliance.

Toute la Bible ne cesse de dire et de redire que les « justes » n’ont rien à craindre de Dieu. Qui sont les justes ? Ceux qui ont vécu selon la loi divine bien sûr. Ceux qui se sont attachés sincèrement, véritablement à Jésus Christ. Ceux qui, ne l’ayant pas connu, ont eu une vie droite sous le signe de l’amour comme don de soi et service des autres.

Nous pouvons en cet instant prendre dans notre prière tous ces frères et sœurs humains, nos ancêtres, nos plus proches disparus au cours de l’année qui vient de s’écouler : ils sont nos racines. Ils nous disent d’où nous venons, ils nous inscrivent dans une histoire familiale et dans la grande histoire humaine qui se construit de génération en génération.

Un autre aspect du livre de la Sagesse peut nous toucher voire nous choquer :

c’est la question de l’épreuve qui est clairement abordée dans ce verset :

« Car Dieu les a mis à l’épreuve et trouvés dignes de Lui. Comme l’or au creuset, il les a éprouvés ; comme une offrande parfaite Il les accueille. » (Sagesse 3, versets 5-6)

J’entends ce passage fréquemment lors des funérailles et il m’a fait réfléchir car je suis certain que

Dieu ne nous envoie pas des épreuves pour tester notre ardeur,

notre résistance comme un matériau que l’on essaie par diverses procédures de résistance. Alors qu’est-ce à dire ? Je pense que l’image de l’or a de quoi nous éclairer.

En arrière-plan il y a l’image de

  • la pépite d’or purifiée dans un creuset par le feu : nos vies sont de l’or et nous le réalisons en ces temps d’incertitude où
  • la vie humaine est si souvent mise à mal dans des violences qui font peur alors que l’on croyait terminées les horreurs du 20ème siècle… au moins en Europe !
  • La vie se charge de nous faire comprendre que les épreuves paradoxalement nous qualifient :

notre dignité souveraine se révèle dans la maladie, le vieillissement,

l’histoire parfois tortueuse qui est la nôtre. Et dans des interstices, comme des veines, s’insinue la beauté humaine malgré tout, la sainteté ordinaire comme le magnifique dans l’infiniment petit.

Aujourd’hui faisons mémoire au cours de cette eucharistie de ces pépites et déposons-les sur la patène avec l’hostie en nous unissant à l’offrande du Christ.

Le passage de l’Evangile lui aussi est paradoxal : il commence par  nous inviter à

être des veilleurs ceints de la tenue de service pour attendre le retour du Seigneur (Luc 12,35-36).

Attitude forte qui désigne à la fois l’activité humaine soucieuse de cette part de terre sur laquelle nous avons été placés,  la vocation humaine de service et d’amour mutuels que beaucoup vivent dans leur famille, le travail, un engagement, une passion.

Puis, le texte se poursuit pour faire apparaître

le Christ ceint lui aussi de la tenue de service comme le Jeudi Saint et servant à table lui-même ses disciples et amis pour le banquet éternel.

Et si nous découvrions que nous sommes toujours à servir le Christ en servant  os frères sur cette terre…

Et si nous consentions à nous laisser toucher par ce Seigneur qui vient aujourd’hui dans ce repas eucharistique auquel Il nous invite à prendre part. Déjà maintenant, Il nous sert le pain de l’immortalité, le pain des forts…, c’est-à-dire le pain qui rend de la force pour poursuivre notre chemin personnel et celui de notre génération.

Soyons alors heureux d’être ici pour faire mémoire de nos défunts dont les âmes reposent en paix, sont aussi purifiées par le feu de l’amour divin.

Soyons heureux d’entrer dans la paix de Dieu en nous laissant faire par Lui dans notre prière commune et dans la disponibilité de nos cœurs.

Amen.

 

  Père Stéphane AULARD