La grâce de Dieu s’est manifestée

HOMELIE DE NOËL 2017

« La grâce de Dieu s’est manifestée. » (Tite 2,11) :

l’Enfant Dieu, le Fils de Dieu, Dieu le Fils est né et Il repose sur la paille dans une mangeoire à animaux.

La grâce dans notre tradition et notre langue c’est à la fois ce qui est gracieux donc  beau et ce qui est charmant.

Les scènes de Nativité comme les crèches de Provence, en bois d’ébène ou de n’importe quel continent nous rappellent le mystère de la naissance des petits d’homme qui invitera toujours à la contemplation et au respect. C’est tellement beau !

Mais ici, nous pressentons tous –et c’est sans doute pour cela que Noël nous rassemble-  que le mystère atteint son comble puisqu’il s’agit de Dieu en personne venu à notre rencontre non pour y faire comme les divinités antiques une brève visite, mais pour parcourir le chemin humain, l’habiter de l’intérieur, se frotter à lui pour l’aimer et le racheter. Voilà donc la grâce de Dieu, son cadeau à l’humanité.

Célébrer Noël ce sera donc toujours faire mémoire de Jésus de Nazareth

né à Bethléem aux portes de Jérusalem pour déclarer la paix et l’amour au monde entier (cf. Lc 2,14): comment pourrions-nous oublier cela quoi qu’il en soit de nos guerres et de nos tueries en tous genres ?

Célébrer Noël, ce sera donc toujours renouer avec l’esprit d’enfance : le nôtre bien sûr… Rappelons-nous notre enfance si elle a été tranquille et remplie d’amour de la part de parents prévenants… Et cultivons donc cela ! L’esprit d’enfance, c’est l’esprit des bergers qui n’hésitent pas à se déplacer. C’est l’esprit de ceux qui renoncent à la gloriole et au factice pour se laisser remplir par ce qui a du poids en vérité : des gens qui s’aiment, s’entraident, partagent, sont prévenants et fidèles.

Célébrer Noël ce sera donc toujours contempler Dieu démuni s’en remettant comme l’Enfant Jésus de Bethléem aux bras humains. Mais attention en l’étreignant vous ne ferez pas que l’aider ; Il vous peut vous attirer toujours plus près de Lui pour vous accompagner sur les routes de votre vie comme un précieux trésor qui ne se marchande pas, un parfum d’éternité ici et maintenant, le pain céleste descendu dans la mangeoire et que vous pouvez recueillir comme la nourriture  hors du commun.

Frères et sœurs entrons dans la crèche

comme les gens au cœur simple, aimant et bon : Marie et Joseph. Oui entrons dans la crèche avec les bergers sans doute un peu bourrus et à qui « on ne la fait pas » car ils en ont vu d’autres, comme on dit. Entrons dans la crèche avec les mages qui vont aussi y venir, savants, curieux et nomades. Il y a de la place pour tous croyez-moi et pas seulement pour les corps de métiers de notre crèche provençale, mais aussi pour les caractères, les origines, les convictions : cela en fait du monde !

J’ai proposé pendant le temps de l’Avent à des parents se souciant de l’éveil à la foi et à la vie spirituelle de leurs enfants d’installer en famille la crèche dans leur intérieur en laissant aux enfants de l’initiative comme ceux qui ont bâti la crèche dans  notre église. J’ai aussi suggéré –et là si vous vous lancez, vous allez aborder des moments spirituels passionnants- que l’on se tienne devant cette crèche œuvre commune chaque jour selon un petit rituel familial à inventer pour y évoquer la journée passée, les personnes rencontrées et la prière à déposer devant le Seigneur.

Ne dites pas trop vite : on n’y arrivera pas ! Essayez cette intimité familiale, ce dialogue mutuel, ce silence de la prière comme un don et une promesse : Comme dit Saint Jean à propos de Jésus Christ : «Il est venu chez Lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui L’ont reçu Il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son  nom. » (Jean 1,11-12)

Comme elle est belle cette promesse de Dieu comme une déclaration d’amour au jour de notre baptême : « Tu es mon enfant bien-aimé ; jamais je ne t’oublierai. »

Oui, comme elle est belle cette promesse en voie d’accomplissement notre vie durant : découvrons-nous et réalisons-nous « enfants de Dieu » en Jésus le Fils qui prend ce soir les traits d’un nouveau-né, mais qui est aussi votre enfant alors même qu’il a grandi, votre conjoint, votre ami de toujours, ce grand malade ou cet ancien qui vous touchent par leur humanité, votre père ou votre mère que vous ne sauriez oublier.

Amen.

 

Père Stéphane AULARD

 

 

     Père Stéphane AULARD