HOMÉLIE DU TROISIÈME DIMANCHE ORDINAIRE NOTRE-DAME DE VINCENNES (26 JANVIER 2020)

HOMÉLIE DU TROISIÈME DIMANCHE ORDINAIRE NOTRE-DAME DE VINCENNES

(26 JANVIER 2020)

 

Frères et sœurs, pour commencer, je voudrais vous raconter une petite histoire : comme diacre, je partage régulièrement autour des textes de l’Évangile ou des psaumes avec des personnes qui vivent dans la rue.  Et un jour, nous lisions ensemble le psaume 22 ; vous le connaissez : « le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien… » Et un peu plus loin, il est dit « si je traverse le ravin de la mort je ne crains aucun mal ». Pour partager sur ce texte, je leur demande : Qu’est-ce qui vous touche dans ce texte ? Comment vous parle-t-il ? Et René, prend la parole, ce psaume c’est ma vie, me dit-il ! Et il me raconte : «  j’ai été poignardé dans la rue et le couteau est passé à çà du cœur ! Car j’ai été recueilli et sauvé, j’ai toujours prié Jésus et je ne suis jamais seul. Et bien c’est par la grâce de Dieu que je suis en vie. Oui j’ai passé les ravins de la mort et avec Dieu, je ne crains aucun mal ! » René voit que les textes saints lui parlent, il était dans la rue, constamment humilié mais ayant reçu la foi catholique dans sa famille, il se rend compte que l’Évangile parle de lui. Quelle que soit sa condition, il était chez lui dans l’entourage familier de Jésus.  Alors, je vous pose la même question sur ce que nous venons d’entendre, Qu’est-ce que vous touche dans ces textes, Comment vous parlent-ils ?

 

I/ Dans le texte d’aujourd’hui, il me semble que nous venons d’entendre une très bonne nouvelle, (c’est d’ailleurs le sens du mot Évangile !) Il s’agit de l’annonce d’une formidable espérance, dans la première lecture du livre d’Isaïe et confirmée dans l’Évangile : « la lumière est venue pour ceux qui marchent dans les ténèbres ».

1.1 Jésus commence sa prédication à Capharnaüm dans une Palestine occupée, en proie à la violence : la voix de Jean-Baptiste s’est tue, Jésus prend le relais. Il quitte Nazareth et s’en va à la rencontre des galiléens, Il y a là des gens de toute condition, des commerçants, des pêcheurs, des paysans. Il y a des juifs qui sont plus ou moins fidèles à la loi de Moïse, mais aussi de nombreux païens qui les influencent… La Galilée est une terre juive, mais c’est aussi une terre païenne. (Dans l’Évangile, l’expression « Galilée des nations » signifie Galilée des nations païennes) C’est donc vers des hommes méprisés par les chefs religieux de Jérusalem que Jésus lance sa parole-programme :              » Convertissez-vous, le royaume de Dieu est là « . Jésus va donc commencer à annoncer la Bonne Nouvelle dans des villages « mélangés », c’est-à-dire à des juifs mais aussi à des « païens ». Le message de Jésus est vraiment ouvert à tous!

1.2 Cette bonne nouvelle est pour tous, il n’y a pas des gens plus dignes de recevoir et de comprendre la parole de Jésus que d’autres. Par sa prédication, Jésus veut rejoindre ceux qui ploient sous les fardeaux de la vie, ceux qui sont dans le pays de l’ombre et de la mort. C’est alors qu’il appelle les premiers apôtres, en leur disant « je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » Aucune explication n’est donnée pour ce qui concerne les raisons qui motivent Jésus à appeler. Ce qui semble dire que cet appel à la conversion s’adresse à tous. En revanche, pour les apôtres l’effet de l’appel est immédiat ; ils laissent tout et ils suivent Jésus. Ils agissent selon leur foi sans avoir montré de compétence particulière.

1.3 Alors nous aussi nous devons nous convertir: car quand on a entendu la Parole de Dieu, le message de l’Évangile, la bonne nouvelle, si on l’a compris, on y a adhéré de tout son être (en engageant son intelligence, sa volonté, ses sentiments, etc.). Mais sommes-nous prêts à écouter sa parole et à la mettre en pratique ?  En reprenant les mots de l’Evangile, si vous tournez le dos à la lumière, si vous vous détournez de l’Amour en restant centré sur vous, vous restez prisonnier de vos ténèbres, vous ressassez votre passé.  Dieu nous offre le choix entre notre pénombre et Sa lumière. Mais celui qui choisit de vivre dans la lumière ne le regrette jamais.

 

II/ A la fin de l’Évangile que nous avons entendu, il est dit que Jésus évangélisait en actes et en parole. Il annonce la Bonne Nouvelle et il guérissait les malades. Si on ne fait qu’annoncer la Bonne Nouvelle, ça ne suffit pas.

2.1 Car la Parole est appelée à fonder et à nourrir notre vie de charité. Elle en dévoile le sens qui ne peut être connu que s’il est dit et mis en pratique. À l’inverse, si on ne fait qu’aimer, au sens biblique c’est à dire vouloir et faire du bien à l’autre, si on ne témoigne pas, quand le temps est venu, de la Source, et de ce qui nous fait agir, on fait violence à l’Évangile.

L’attention aux souffrants donne chair, visage et crédibilité à l’évangélisation mais à condition de revenir à la source de la parole. Il s’agit toujours de vivre notre foi, avec ces trois tâches confiées à l’Église que sont l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements et le service de la charité qui se fécondent mutuellement.  De même, le diacre est ordonné au service de la parole, au service de la liturgie- et c’est ce que je fais en ce moment devant vous- et au service de la charité, avec par exemple ma mission de faire vivre la fraternité avec les personnes qui vivent dans le bois de Vincennes.

2.2 L’Écriture est au centre de notre vie de foi, et nourrit notre espérance pour nous rappeler l’impératif de la charité. Pour ce dimanche, notre Pape François nous invite à solenniser la place des Écritures Saintes dans la communauté ecclésiale, d’une façon tout à fait particulière pour, dit-il, qu’il « soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu. » Et il nous dit aussi, dans son message d’institution de ce 3ème dimanche comme le « dimanche de la Parole », je cite : « Le lien entre l’Écriture Sainte et la foi des croyants est profond. Puisque la foi provient de l’écoute et que l’écoute est centrée sur la parole du Christ (Rm 10,17), l’invitation qui en découle est l’urgence et l’importance que les croyants doivent réserver à l’écoute de la Parole du Seigneur, tant dans l’action liturgique que dans la prière et la réflexion personnelle. »

 

III/ En instaurant ce dimanche de la parole, le pape nous incite donc à lire l’Évangile, à nous en nourrir quotidiennement, à l’annoncer et à en témoigner, comme nous le dit aussi saint Paul dans la seconde lecture.

3.1 Pour lire la Parole quotidiennement vous pouvez recevoir le texte de l’Évangile du jour ou télécharger une « appli » sur votre smartphone (Prie en chemin, Aelf ou liturgie), ou encore vous abonner à Prions en Église, parole et prière, Magnificat. (Il faut toujours citer trois marques pour éviter de faire de la publicité !)  Après l’avoir lu, vous pouvez pratiquer la lectio divina, c’est-à-dire méditer l’Évangile pendant un temps de silence et vous demander : Qu’est-ce que texte m’inspire? Pendant cette méditation silencieuse, laissons-nous surprendre de manière renouvelée par les paroles lues, laissons-nous éclairer par la lumière du texte, et découvrons le  visage du Christ qui nous parle par ce texte.

3.2 Dans la paroisse, les propositions qui permettent d’approfondir la Parole sont nombreuses : vous pouvez participer aux « Maisons d’Évangile », partager dans un groupe vos réflexions, en vous rencontrant régulièrement, faire partie des équipes de lecteurs de la paroisse, le groupe biblique, ou encore participer aux semaines de prière accompagnée, pendant lesquelles un accompagnateur vous aide à prier pendant une semaine à partir de textes qu’il choisit pour vous.

3.3 N’hésitons pas à témoigner de cette joie de croire et de la transformation de notre vie à la lumière des Évangiles, n’hésitons pas à annoncer la Parole, l’Évangile en union avec les prêtres, les autres diacres, les consacrés, et les laïcs. Je voudrais remercier ici notre équipe de lecteurs de la paroisse qui a le souci d’annoncer la Parole lors de nos liturgies du dimanche : c’est un groupe de 40 personnes, qui a été formé pour que la proclamation de la Parole de Dieu soit claire et intelligible et être ainsi de véritables annonciateurs de la Parole. Chacun et chacune d’entre vous est libre d’en faire partie s’il le souhaite.

3.4 Chacun peut aussi proclamer la Parole de Dieu, au sein de sa famille et de son travail, non pas par prosélytisme mais par attraction, par rayonnement, en étant un témoin. Alors, parce que nous le vivons nous-mêmes, nous pourrons proclamer en vérité ce que nous vivons.

 

Pour conclure, il nous faut donc travailler à faire vivre la Parole dans notre vie et à accepter le don de Dieu dans notre cœur, afin de laisser la Parole de Dieu nous labourer dans tout notre être. Comme dans le texte des pèlerins d’Emmaüs, les disciples, ayant entendu la Parole de Dieu, reconnaissent Jésus lors du partage du pain, faisant ainsi le lien entre la parole et l’eucharistie. C’est aussi ce que nous allons faire dans cette eucharistie Car nous actualisons ce moment où Jésus est mort et ressuscité, comme si nous étions présents au pied de la Croix. Au moment où Dieu se donne à nous et nous sauve de la mort et du péché. Alors, Frères et sœurs, préparons-nous-en ce jour, à accueillir Dieu et à nous convertir.

 

 

                                                                                              Olivier PAULOT, Diacre